Fulcanelli l'alchimiste

Julien Champagne, l'illustrateur de ses livres

(23 janvier 1877 - 26 août 1932)

 

Photo du laboratoire de Julien Champagne, illustrateur des Fulcanelli.

Julien Champagne dans son laboratoire


La bordure entourant cette photo porte en bas à droite une dédicace de J. Champagne à son maître Pierre Dujols (document inédit).


 

Frontispice du "Mystère des Cathédrales"

Julien Champagne, Frontispice du Mystère des cathédrales de Fulcanelli

Dessiné par Julien Champagne en 1910

Publié en 1926 dans le "Mystère des cathédrales"

Autoportrait de Julien Champagne, où il se fait appeler "Fulcanelli"

Julien Champagne, autoportrait, vers 1930

Peint chez Schwaller de Lubicz à Grasse (Alpes-Maritimes) vers 1930 (document inédit)

Peinture alchimique de Julien Champagne. L'animation.

Julien Champagne, la Femme Universelle

Dessiné par Julien Champagne en 1910

Publié en 1979 dans la réédition d'Eugène Canseliet "Deux logis alchimiques"

 

Partons de choses sûres et connues : deux ouvrages d'alchimie portent comme nom d'auteur le pseudonyme "Fulcanelli". Qui se cache derrière ? Pourquoi ?

Le premier livre de Fulcanelli s'intitule "Le Mystère des Cathédrales et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du Grand-oeuvre" et le second "Les Demeures Philosophales et le Symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du Grand-Oeuvre".

Ces deux ouvrages sont montés dans le domaine public, la publication ayant eu lieu il y a plus de soixante-dix ans et l'auteur étant anonyme.

 

Etudions tout d'abord le dépot légal à la Bibliothèque Nationale de France :

Auteur : Fulcanelli (pseudonyme de Jean Julien Champagne) Titre : Fulcanelli. Le Mystère des cathédrales et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du Grand-Oeuvre. Préface de E. Canseliet, F. C. H. Ouvrage illustré de 36 planches d'après les dessins de Julien Champagne [Texte imprimé] Publication : Nogent-le-Rotrou, impr. P. Daupeley-Gouverneur ; Paris, Jean Schemit, libraire, 52 rue Laffitte, le 25 septembre 1926. In-8, 150 p. [9444] Autre auteur : Canseliet, Eugène (1899-1982). Préfacier

 

Auteur : Fulcanelli (pseudonyme de Jean Julien Champagne)

Titre : Fulcanelli. Les Demeures philosophales et le Symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du grand-oeuvre. Préface de Eugène Canseliet, F. C. H. Ouvrage illustré de 40 planches, d'après les dessins de Julien Champagne [Texte imprimé] Publication : Nogent-le-Rotrou, impr. P. Daupeley-Gouverneur ; Paris, Jean Schemit, libraire, le 22 novembre 1930. In-8, XI-351 p. [1823]

Lorsque vous voulez consulter les éditions originales, vous vous heurtez à la mention "Disponibilité : absence constatée (après récolement)", signifiant : les ouvrages originaux de Fulcanelli ont été volé.

 

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Que nous apprend l'Encyclopédie Universalis, référence d'un savoir universitaire, dont l'article a été rédigé par René Alleau, spécialiste incontesté de l'alchimie ?

"On ne sait rien de l’auteur qui signait «Fulcanelli», mais "Le Mystère des cathédrales" (Paris, 1926) et "Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du grand œuvre" (Paris, 1930), parus entre les deux guerres mondiales, s’imposèrent d’emblée à l’attention des curieux d’alchimie ainsi que des historiens de l’art.

Son nom hermétique, qui semble une combinaison de "Vulcain et d’Élie", ne permet pas de l’identifier. Le secret est resté bien gardé. Dans "Le Matin des magiciens" , Jacques Bergier prétend l’avoir connu. Il aurait été ingénieur à la Compagnie du gaz. On l’identifie souvent à Jean Julien Champagne, mort en 1939 et illustrateur de l’édition originale parfois à Rosny aîné ou encore au libraire Pierre Dujols. D’autres identifications plus fantaisistes, et redonnant corps au mythe de Nicolas Flamel, regardent Fulcanelli comme un adepte immortel et plusieurs fois centenaire.

Eugène Canseliet (1899-1982) affirme être son seul disciple. Cet alchimiste est l'auteur de plusieurs ouvrages. Il affirme avoir fréquenté longtemps Fulcanelli. Celui-ci aurait trouvé la pierre philosophale et l’immortalité, mais M. Canseliet se refuse à toute information précise. Tous deux se réclament d’une mystérieuse société secrète, la Fraternité d’Héliopolis, dont les origines remonteraient à l’Égypte du début de l’ère chrétienne...

 Les affirmations de ce mystérieux personnage sont intéressantes. Il a voulu montrer d’abord que les chefs-d’œuvre de l’art gothique doivent être interprétés essentiellement comme l’expression d’une pensée alchimique, et que des adeptes supervisèrent directement ces travaux. S’il semble difficile d’admettre toutes les propositions de l’auteur, celui-ci a eu au moins le mérite d’attirer l’attention de nos contemporains sur un aspect trop négligé de l’art médiéval."

Fin de citation.

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Enfin que connait-on de vrai sur Fulcanelli ? Quelle personne se cache derrière ce pseudonyme ?

Deux témoignages directs sont incontournables.

Tout d'abord citons Robert Ambelain (1907-1998), spécialiste de l'ésotérisme, auteur de plusieurs ouvrages. Il a bien connu Julien Champagne. Dans un article intitulé "Jean-Julien Champagne, alias Fulcanelli" publié en 1962, numéro 8 de la revue "La Tour Saint Jacques", aux pages 181 à 204, il explique que Julien Champagne était appelé "mon maître" par Eugène Canseliet lorsque ceux-ci se présentaient chez l'éditeur des Fulcanelli, Jean Schemit .......

 

Ensuite voyons la venue de Julien Champagne chez René Schwaller de Lubicz, dit "Aor", et sa compagne "Isha".

L'autoportrait de Julien Champagne - ci-dessous - est réalisé par celui-ci lors de sa venue, vers 1930, à "Lou Mas de Cocagnou", la maison à Plan-de-Grasse des Schwaller de Lubicz. Ceux-ci, Aor et Isha de leur "nomem mysticum", sont des ésotéristes connus pour leur travaux sur la mystique, sur la recherche des teintures sur les vitraux (cliquer sur le lien), mais aussi l'alchimie opérative et l'égyptologie.

Julien Champagne se fait appeller "Fulcanelli" lorsqu'il est reçu chez les Schwaller de Lubicz. La servante d'Aor, Nanette, et la belle-fille d'Isha, Lucie Lamy, témoignent de cet événement.

 



Julien Champagne, autoportrait peint vers 1930 à Plan-de-Grasse

Autoportrait de Julien Champagne vers 1930 à Plan-de-Grasse chez Isha et Aor Schwaller de Lubicz, au "Mas de Cocagnou".

 

Outre cet autoportrait, les Schwaller de Lubicz ont le trés rare privilège d'avoir reçu de Fulcanelli son livre "Le Mystère des cathédrales" dédicacé de sa main.

Voyez ci-dessous cette extraordinaire dédicace. C'est la deuxième connue de Fulcanelli, après celle destinée à son ami Jules Boucher (1902-1955), reproduite pour la première fois dans l'article de Robert Ambelain. Le sigle A.H.S. signifie Apostolus Hermeticae Scientiae, apôtre des sciences hermétiques. Julien Champagne demandera expressément à sa soeur qu'il soit enterré avec cette inscription sur sa tombe.

 

 


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Fulcanelli dédicace le "Mystère des ctahédrales" à Aor, René Schwaller de Lubicz.



AHS Fulcanelli

 Fulcanelli : détail de sa signature : A.H.S pour Apostolus Hermeticae Scientiae

 

Ce livre était dans la bibliothèque de René Schwaller de Lubicz, dit Aor, et de son épouse Jeanne Germain, appelée Isha.

Je vous propose de voir une vidéo de 2'30" sur la découverte en 1989 de la dédicace de Fulcanelli à René Schwaller de Lubicz de son livre "Le Mystère des cathédrales". C'est la deuxième dédicace de Fulcanelli qui se dévoile au grand jour. Y-en aura-t-il d'autres ?

Après le zoom sur la dédicace vous verrez dans la vidéo ci-dessous quelques uns des livres d'alchimie de leur fabuleuse bibliothèque provenant de "Suhalia". C'est le nom de la station scientifique des Schwaller à Saint-Moritz en Suisse, où ils étaient avec leur groupe d'ésotéristes quelques années auparavant.

 

 

 

Vidéo tournée en 1988 montrant l'autoportrait réalisé par Julien Champagne, un croquis de Champagne par Schwaller de Lubicz, anoté au dos de "Fulcanelli - Aor - 1930", le faire-part de décès de Julien Champagne envoyé par Mme Gaston Devaux, soeur de Champagne, à René Schwaller de Lubicz, la lettre de Mme Devaux à René Schwaller de Lubicz lui demandant de prendre en charge les frais de la plaque funéraire, avec l'inscription "Apostolus Hermeticae Scientiae" à faire porter dessus.

 

 

 

 

Voyez ci-dessous la tombe de Julien Champagne. Pour la situer autour de Paris cliquez sur le lien GoogleEarth ici, il vous y emmenera.

 

 

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Julien Champagne dicte ses dernières volontés à sa soeur avant sa mort survenue le 26 août 1932 à son domicile rue Rochechouard. Celle-ci les indique à René Schwaller de Lubicz par un courrier rédigé le 21 septembre 1933. René Schwaller de Lubicz paye les frais de gravure de la plaque funéraire.


La plaque funéraire est volée elle aussi. Gêne-t-elle quelqu'un ? C'est sa seconde mort. Julien Champagne n'a pas droit à un lieu de mémoire. Sa troisième mort interviendra lors des rééditions des Fulcanelli chez un nouvel éditeur, Jean Jacques Pauvert. La réédition ne contient plus que huit planches de Julien Champagne, au lieu des cents deux planches des éditions originales. L'oeuvre de Julien Champagne disparaît presque complètement et l'oeuvre littéraire de Fulcanelli est mutilée. L'éditeur actuel doit remettre les planches des éditions d'origine.

Julien Champagne ne mérite-t-il pas un dernier hommage, en tant qu'Apôtre des Sciences Hermétiques", tel que mentionne son épitaphe funéraire ?



Julien Champagne : restauration de sa tombe enfin effectuée.

Depuis le 29 mars 2017 la tombe de Julien Champagne a retrouvé sa plaque funéraire, mutilée et arrachée plusieurs décennies auparavant, sans que le ou les auteurs aient été découverts. Suite à l'idée que j'ai lancée sur le forum "La Pierre Philosophale" il y a plusieurs années et l'exposé sur les "trois morts" de Julien Champagne ensuite au "colloque Fulcanelli" à Toulon en mai 2011 (cf ci-dessus), l'idée d'une souscription pour remettre la tombe en état a été lancée. Elle a été puissamment mise en oeuvre par Archer sur son excellent blog consacré à Julien Champagne et l'éditeur réputé des "éditions des 3 R". Grace à ce dernier et son ami B. Lonzième la nouvelle plaque a été scellée ce jour, la tombe remise en état, la barrière métallique restaurée et posée. Merci aux généreux souscripteurs et aux quelques uns qui ont tant donné de leur temps. Voyez un peu plus bas sur cette page les photos de la tombe restaurée.

Le périple géographique de la mémoire alchimique pourra ainsi continuer. Nous souhaitons l'étendre avec un nouveau projet de restauration, la tombe de Pierre Dujols, le réputé libraire-éditeur qui contribua à l'aventure Fulcanelli. Une nouvelle souscription est lancée. Ceux qui souhaitent participer peuvent me contacter (à jour du 06/2020).

 

 

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2011-08 Photo de la tombe de Julien Champagne, prise pas son jeune ami, Jules Boucher, avant la destruction de la plaque funéraire. Un grand remerciement au lecteur anonyme qui nous permet de partager ici ce cliché, témoin de l'état original de la tombe de Champagne.

 

Elle était en marbre blanc et portait l'inscription :

 

Ici repose

Julien Champagne

Apostolus Hermeticae Scientiae

1877-1932

 

L'expression "A.H.S.", Apostolus Hermeticae Scientiae, employée ici par Julien Champagne, se retrouve exactement dans les deux dédicaces connues de Fulcanelli.  La deuxième, celle que vous venez de découvrir ci-dessus, est de la main même de Julien Champagne, comme indiqué par Lucie Lamy, belle-fille de René Schwaller, et Nanette, devenue par la suite sa domestique, qui toutes les deux ont vécu cet événement à Plan-de-Grasse.



Tombe restaurée de Julien Champagne 2017-04

Tombe de Julien Champagne, restaurée depuis le 29 mars 2017. Photo de A. Allieu.


Julien Champagne emploie l'expression "A.H.S." : Apostolus Hermeticae Scientiae. La tonalité égotique étonne : en effet elle fait immédiatement penser à I.H.S , l'acronyme de Iesus Hominem Salvator, Jésus, sauveur des hommes. Ce parallèle est tellement énorme que certains peuvent le trouver osé. Ce parallèle aurait-il participé à décider, en autre, de l'arrachage de la plaque ? Cependant, si ce rapprochement est ressenti comme osé, le mot "apôtre" indique bien l'idée de filiation. L'apôtre suit son maître. Il ne l'est pas lui-même.

Julien Champagne aura bien été, durant des dizaines d'années, un apôtre de l'alchimie, de par ses oeuvres avérées de graphiste, de peintre, de traducteur, d'expérimentateur et d'auteur. Nul doute qu'il n'ait été aussi rédacteur, au moins en partie, des Fulcanelli, au vu des "seulement" trois dédicaces connues de lui des Fulcanelli, l'une à Jules Boucher, l'autre à René Schwaller de Lubicz, la troisième à Eugène Canseliet.


 

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Alors, Julien Champagne est-il Fulcanelli ?

Il l'est lorsqu'il porte de sa main le fameux pseudonyme sur sa dédicace d'un "Mystère des cathédrales" à René Schwaller de Lubicz.

Usurpe-t-il ce pseudonyme ? Schwaller accepte la dédicace faite sous ce nom. Lui-même fait un croquis de Fulcanelli à l'encre rouge. Il marque au dos du petit portrait "Fulcanelli - Aor 1930". Ce portrait est accroché dans la cage d'escalier de sa villa "Le Mas de Cocagnou" située au Plan-de-Grasse, dans le midi. J'ai tenu ce portrait dans mes mains et lu l'envers.


Mas de Coucagnou des Schwaller, à Plan-de-grasse, dans le Var

Mas de Coucagnou, Plan de Grasse, Var

 

Il en fait faire une copie, plus tard, que nous voyons ci-dessous.

 

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Ce portrait représente Julien Champagne, âgé de cinquante trois ans. Il n'a plus que deux ans à vivre. C'est à Plan-de-Grasse que les Schwaller recevront le faire-part de décès de Julien Champagne, envoyé par sa soeur.

 

Julien Champagne, faire-part de décès

Faire-part de décès de Julien Champagne.

 

 

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Julien Champagne est alchimiste lui-même :

Dans la photo ci-dessous il est représenté assis derrière une table, dans une chambre transformée en laboratoire.

Cette photo rappelle l'article publié dans la revue "La tour Saint-Jacques" n°8 de janvier/février 1957 "Robert Ambelain vs Eugène Canseliet" où ces deux personnes argumentent sur l'identité de Fulcanelli. Dans cet article une photo est publiée, titrée à la page 208 "Jean-Julien Champagne dans son laboratoire".

La photo inédite ci-dessous nous montre la même pièce, agencée un peu différemment. Cette photo est fortement défraichie mais l'intérêt se trouve en bas à droite. Son cadre porte l'inscription :

 

 

"A P. Dujols

...(hommage d'un jeune.....iple.)

J. Champagne"

 

 

Laboratoire de Julien Champagne. Dédicace à Pierre Dujols.

 

 

La photo originale est mise en valeur par une marie-louise encadrée. Sur l'angle inférieur droit de celle-ci est apposée une dédicace manuscrite. La dédicace est adressée à Pierre Dujols. Cette photo se trouve dans ses affaires à sa mort. Un double photographique est fait par sa famille, englobant la marie-louise.

C'est cette deuxième photo, photo de photo, que vous découvrez ici. Elle est de taille modeste, 12,7 cm par 8,8 cm de côté. Nous verrons plus bas les détails de cette photo.

Cette dédicace à Pierre Dujols est une révélation.

 

Cliquer sur la photo

Pierre Dujols

Pierre Dujols. Essai de biographie.

 

Celui-ci est donc le maître en sciences hermétiques de Julien Champagne. Nous verrons ailleurs qu'il est aussi le maître en sciences hermétiques de Henri Coton, dit Alvart de son nom mystique, ou Henri Alvart F.O.E, Frère de l'Ordre d'Elie, ou Henri Coton-Alvart.

René Schwaller de Lubicz appartient aussi à cet Ordre d'Elie, composé de douze membres à son sommet, douze chevaliers portant épée et toge blanche comme il se doit entre gens bien.

René Schwaller de Lubicz connait donc Henri Coton. René est "ami et disciple de Fulcanelli". Henri Coton, comme Julien Champagne, est disciple de Pierre Dujols.

Nous avons là une preuve de plus de l'opérativité de Julien Champagne.

 

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Si Julien Champagne est aussi un alchimiste opératif, travaillant au fourneau ou à la cornue, a-t-il laissé des écrits alchimiques ?

Trois documents sont connus.

Les deux premiers consistent en des anotations alchimiques de livres dans leurs marges. Le troisième est un manuscrit inédit intitulé "La vie minérale" gardé secret jusqu'à 2011 où Archer a pu procéder à son édition, mettant ainsi à la connaissance de tous ce document exceptionnel.

Le premier document :

Dans la bibliothèque de Jules Boucher (1902-1955) se trouve un exemplaire de 1920 d'un livre de Stanislas de Guaita, "Clefs de la magie noire", annoté. Jules Boucher assure dans ses propres notes que celles-ci sont de Fulcanelli. Il n'y a pas de lien direct établi avec Julien Champagne, mais cet ouvrage est orné en première page de l'ex-libris de Jules Boucher, dessiné par ... Julien Champagne !

 

Ex-libris de Jules Boucher

 

Pour lire les notes de Fulcanelli et voir l'ex-libris en grand format, cliquer sur l'Ex-libris de Jules Boucher ci-dessus.

Robert Amadou, dans un article de "L'autre monde", numéro 76 de 1983,

 

Le deuxième document :

Julien Champagne possède le livre de Pott, professeur de chymie à Berlin, "Dissertations chymiques", traduites et publiées en français en 1759. Fulcanelli cite longuement et par deux fois cet auteur. Julien Champagne insère trois notes manuscrites dans les marges, auxquelles il juxtapose son ex-libris à l'encre rouge "spagiria". Ces notes montrent que Julien Champagne connaît bien les auteurs alchimiques, les termes chimiques contemporains ainsi que la pratique du laboratoire. Pour lire toutes ses notes, cliquer sur la photo.

Cliquer sur la photo

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Livre de Pott "Dissertations chymiques" anoté par Julien Champagne

 

Le troisième document :

Julien Champagne a écrit un ouvrage intitulé "La Vie Minérale". Son manuscrit est resté dans des archives privées jusqu'en 2010 où Archer l'a découvert. Le manuscrit est édité en 2011 aux "Editions Les 3R", éditeur connu pour avoir publié notamment les "Index des Fulcanelli" et les articles de Grasset d'Orcet "Matériaux cryptographiques" traitant de la langue des oiseaux, ou  langue diplomatique.

 

Manuscrit de Julien Champagne "La vie minérale"

 

 

Alors, si Julien Champagne est un alchimiste opératif, travaillant au fourneau ou à la cornue, et aussi un écrivain - même non publié - a-t-il pu rédiger les Fulcanelli ?

 

L'alchimiste Henri Coton, dit Coton-Alvart, est en corrrespondance avec un alchimiste de Barcelone, José Gifreda. Ce José Gifreda est mentionné auprès du public français par Eugène Canseliet.

José Gifreda et Eugène Canseliet échangent un volumineux courrier. Au décès de José Gifreda ses héritiers trouvent une correspondance d’environ 130 lettres d’Eugène Canseliet. La première lettre de Canseliet date de 1930. Elle parle de la " lettre G ". Il travaillait, selon un des héritiers, avec la galène. La première fois où Canseliet travailla avec l’antimoine, ce fut vers 1950, grâce à un morceau d’antimoine caché sous un gâteau que lui offrit son ami de Barcelone, quoique Canseliet connût cette terre depuis longtemps déja.

José Gifreda reçoit aussi quelques lettres de Henri Coton-Alvart. L'une d'elles indique : "Je ne comprends pas la publication des livres de Fulcanelli, en effet mon ami Pierre Dujols m’avait fait lire les manuscrits et les a passés à quelqu’un d’autre qui les a publiés sous le nom de Fulcanelli. Je me les suis procurés, mais je m’en suis aussitôt dessaisi. C’est une imposture. Je puis en parler, j’ai connu tous les protagonistes de cette époque."

Le témoignage de cet ingénieur-chimiste est clair. Les héritiers de José Gifreda publieront-ils ces lettres, partie de l'Histoire, à l'intention de tous ? En attendant ayant eu ces lettres entre mes mains, j'en témoigne. Pour une meilleure connaissance sur cet homme, cliquer ici sur le lien "biographie Fulcanelli - Henri Coton-Alvart", où se lit une biographie rédigée par l'éditrice du "Mercure Dauphinois", Mme Dubois.

 

Que doit-on penser de celà ? Pierre Dujols prête à Henri Coton, un de ses diciples, des manuscrits. Après lecture Henri Coton les rend, sans porter d'appréciation connue. A la publication des Fulcanelli il parle d'imposture. Ce terme signifie "tromperie d'une personne qui se fait passer pour ce qu'elle n'est pas". Pour Coton ce Fulcanelli apparu ainsi au titre de rédacteur de ces oeuvres est un imposteur. Coton sait en effet d'où elles proviennent.

Malheureusement nous ne sommes guère plus éclairés. En effet il est courant qu'un libraire-éditeur recoive des manuscrits en vu de publication. Le libraire le donne à lire à un comité de lecture qui validera ou non l'intérêt du manuscrit. Henri Coton joue-t-il ce rôle auprès de son ami libraire-éditeur et en même temps son Maître en sciences hermétiques ?

Lorsque le "Mystère des cathédrales" est publié, en 1926, Julien Champagne a quarante neuf ans. Est-il trop jeune pour avoir pu écrire un tel ouvrage ?

Fulcanelli écrit : "Nous nous refusons énergiquement à reconnaître une femme de vingt-cinq ans (Jeanne de Vivonne, à Dampierre sur Boutonne) comme bénéficiaire d’une science exigeant plus du double d’efforts soutenus et d’études persévérantes...". A travers cet exemple Fulcanelli mentionne une durée d'une cinquantaine d'années comme temps d'études nécessaires pour pouvoir réaliser le Grand Oeuvre. Ce temps peut nous paraître aujourd'hui bien long, trop long.

 

 

A défaut de savoir si Julien Champagne a rédigé les Fulcanelli, au moins les a-t-il illustrés. Force alors est de constater qu'il dessine le frontispice du "Mystère des cathédrales" bien avant. En effet ce dessin alchimique est publié dès 1912 dans le troisième catalogue de la fameuse "librairie générale des sciences occultes" fondée par Henri Chacornac. C'est le lieu de rendez-vous incontournable du Tout-Paris ésotérique.

 

Pour lire un large extrait de ce catalogue au format pdf, cliquer sur la photo ci-dessous

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Provenance collection particulière. Remerciement appuyé pour le partage.

 

 

Ce catalogue est composé de plusieurs chapitres : magnétisme, chiromancie, kabbale, magie, astrologie, alchimie... Au début de chaque chapitre Paul Chacornac, qui dirige la librairie avec son frère Louis suite au décès de leur père le 28 mai 1907, rédige une légère introduction rehaussée d'une illustration. Au chapitre "Alchimie" Paul Chacornac insère cette planche magnifique de Julien Champagne :

 

 

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Jean Artero, auteur contemporain, fut le premier a signaler celà dans son ouvrage "Présence de Fucanelli" publié chez Arqa en mai 2008.

Une différence saute aux yeux : le dessin de Julien Champagne illustrant le catalogue n'est pas daté, alors que dans la publication du "Mystère des cathédrales" de Fulcanelli le dessin se retrouve daté de 1910. Cette date se retrouve inscrite en bas à gauche du dessin, faisant le pendant à sa signature, posée en bas à droite "J. Champagne".

Egalement en 1910 il peint le vitrail des Saints-Innocents, aquarelle qui se retrouve ensuite dans le "Mystère des cathédrales". Puis en 1911 il peint le vitrail de la chapelle de Saint Thomas d'Aquin, à Paris. Cette aquarelle trouve place aussi dans le même ouvrage quinze années plus tard.

Généralement l'éditeur d'un ouvrage cherche un collaborateur pour illustrer un manuscrit une fois qu'il a décidé de l'éditer. Là, dans le cas de Julien Champagne, la décision d'éditer le manuscrit remonte-t-elle à 1910 ou avant ? Impossible, au vu des références livresques des bas de page qui sont pour certaines bien postérieures à cette date. Doit-on alors penser que le texte et les illustrations se sont faits conjointement ? Peut-on même penser que le texte aurait pris corps et serait venu en appui d'illustrations déja partiellement faites, elles-mêmes étant le reflet d'une réflexion menée à ce sujet par une personne ou un petit groupe de personnes ?

 

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Regardons la photo de photo, élément par élément, du laboratoire de Julien Champagne dédicacée à son Maître en sciences hermétiques Pierre Dujols et comparons là au frontispice du "Mystère des cathédrales".

 

Cliquer sur la photo pour accéder à la page du laboratoire de Julien Champagne

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Le laboratoire de Julien Champagne et son frontispice du "Mystère des cathédrales".

 

 

Ne laissons pas de côté le sphinx.

Ce sphinx semble indiquer un aspect philosophique ou occultiste que nous devons identifier, plutôt que de la pratique opérative. Son importance est soulignée par la surface tenue par le sphinx dans la composition. Il remplit les deux tiers de l'image alors que les instruments de la pratique au laboratoire sont rejetés en bas, quoique situés nettement en avant-plan. Par la pratique, nous atteindrons le Sphinx. Le corbeau juché sur le crâne est l'élément visuel le plus immédiat. Son aile gauche est parallèle au dos du Sphinx, faisant le lien avec le second plan.

Quel est le message du sphinx tenant dans sa patte droite l'Homme debout, auréolé d'une mystérieuse étoile ?

L'élucidation de cette question amène-t-elle un élément nouveau pour situer Julien Champagne et l'oeuvre des Fulcanelli ?

 

 

Julien Champagne, le sphinx et l'homme debout sous l'étoile

Le sphinx tient l'homme debout, sous l'étoile. Mais de quelle étoile s'agit-il ? Une Réponse auprés du baron de Sarachaga ?

 

 

La réponse semble se trouver dans l'environnement proche de Pierre Dujols.

Grace aux révélations de Filostène dans son livre exceptionnel "Fulcanelli exhumé" (éditions "La Pierre Philosophale", Hyères, janvier 2011) et aux photos qu'il projeta lors du "Colloque Fulcanelli", tenu vers Toulon le 7 mai 2011, se découvre une lettre rédigée par Pierre Dujols à son ami Paul Dec... - pour Paul Decoeur - datée du 11 avril 1911.

Pierre Dujols écrit : "Mon cher paul, voici quelques jours que mes jambes me font souffrir de plus en plus sans répit profitable. Pour m'aider, j'ai heureusement le soutien de Mr Samuel Cohen Lidiakos, envoyé par le baron de Sarachaga qui dépouille le courrier et établit ma correspondance au jour le jour. Je suis très content de ses services et remercie le Créateur de m'avoir ainsi donné l'accompagnement qui me faisait récemment défaut. Cher ami, comme il est loin le temps où nous devisions encore sur les philosophes qui nous résistaient par leurs paroles si prévenues! Vous aviez raison : la publicité et la foule n'aident en rien sur le chemin de l'escarboucle. J'en mesure la difficulté au quotidien. Lors des répits, je me remets volontiers au travail. Mais l'oeuvre s'éloigne..."

 

Courrier de Pierre Dujols à Paul Dec...

Extrait de la lettre de Pierre Dujols à Paul Dec...

 

Le reste de la lettre est grandiose, attestant du succès opératif de Paul Decoeur deux ans plus tôt et dévoilant son pseudonyme Vulcain solaire. Mais laissons là pour l'instant la suite de ce document si incroyable et tournons nous vers le baron de Sarachaga, cité comme ayant organisé une aide au domicile de Pierre Dujols pour lui permettre de pallier à son handicap envahissant.

Mais une deuxième lettre, datée de 1906, est révélée dans le deuxième ouvrage de Filostène.

 

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Deuxième lettre de Pierre Dujols, libraire-éditeur de la "Librairie du merveilleux", spécialiste en alchimie et ésotérisme :

Le 7 mai 1906 Pierre Dujols adresse une lettre à Monsieur Roussel. Cette lettre boulverse une nouvelle fois ce qui est connu de Fulcanelli et Julien Champagne. Nous la devons au travail de Filostène junior. Il la publie dans son deuxième ouvrage "De Vulcain Solaire à Fulcanelli", en août 2012. Sans doute s'agit-il de Raymond Roussel (Paris 1877- Palerme 1933), romancier qui naît la même année que Julien Champagne et décéde un an après lui.

Premier élément d'importance : dès mai 1906, Paul Decoeur est nommé. Paul Deceoeur porte un projet d'écriture sur l'alchimie. Il le confie à Roussel qui finit par y renoncer. Paul Decoeur et Pierre Dujols "en prennent acte". Paul Decoeur "reprend aussi ses dessins des médaillons de cinq cathédrales". Paul Decoeur est donc aussi dessinateur. Cinq cathédrales ont été l'objet d'études, de relevés graphiques. Lesquelles ? Enfin, Paul Decoeur veut "s'adjoindre les talents de Julien Champagne ... passionné d'alchimie". Julien Champagne connaît les trois autres protagonistes : Paul Decoeur, Pierre Dujols, Roussel. Julien Champagne apparait  comme connu dans le milieu très fermé de l'alchimie. De plus, il est "passionné d'alchimie" selon Pierre Dujols, ce qui n'est pas la moitié d'un compliment. Qui est le pivot entre toutes ces personnes ? Enfin, dans cet extrait, Paul Decoeur sollicite l'avis de Roussel, par le biais de Pierre Dujols, pour le titre d'un ouvrage à paraitre : "Les motifs lapidaires des cathédrales et autres  demeures dans leurs rapports avec le symbolisme du Grand Oeuvre Alchimique". Ingénument Paul Decoeur s'inquiète de la longueur du titre. L'idée est reprise en 1909 par Oswald Wirth qui publie à la "Librairie initiatique" son ouvrage "Le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'alchimie et la franc-maçonnerie".

 

Lettre de Pierre Dujols à Roussel, mai 1906, extrait.

Extrait de la lettre de Pierre Dujols à Roussel, mai 1906.

 

 

 

Julien Champagne, artiste peintre. De sa peinture profane à sa peinture alchimique :

Julien Champagne peint cet intérieur de serre, en 1900. Cette huile sur toile est très certainement destinée à la vente. Par bonheur, ce tableau se retrouve dans une galerie parisienne spécialisée, il y a quelques années. Quel plaisir de découvrir une de ses toiles.

 

Julien_Champagne_Jardin_des_plantes.jpg (165209 octets)

Tableau signé J Champagne. Intérieur de serre. Huile, 54*73cm, 1900.

 

Mais Julien Champagne donne la pleine mesure de son savoir-faire picturale et de sa créativité dans le domaine symbolique et alchimique. Il laisse deux oeuvres connues, une peinture à l'huile et un croquis aquarellé.

Regardons sa peinture à l'huile, le tableau de "la femme sur une tête de mort dans un matras de verre". Elle nous apprend à mieux le connaître.

 

Julien Champagne, tableau de la femme dans un matras de verre

cliquer ci-dessus pour aller à la page "Femme nue dans un matras de verre"

 

 

 

De la même manière arrêtons-nous sur le croquis aquarellé de Julien Champagne, le dessin original de la Vierge aux métaux planétaires de Notre-Dame de Paris. Une copie en niveaux de gris illustre l'édition originale du "Mystère des cathédrales" de 1926. Merci à un passionné de mettre à notre disposition ce document exceptionnel, méconnu jusqu'alors.

 

Tableau de Julien Champagne, Dormition de la Vierge de la cathédrale Notre-Dame de Paris

cliquer ci-dessus pour aller à la page "Vierge aux métaux planétaires

 

 

 

 

Femme_matras.jpg (7224 octets)

 

 

 

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