Pierre Dujols et sa Librairie du merveilleux

 

Pierre Dujols (1862-1926) est le patronyme d'un homme devenu mythique pour certains. Pierre Dujols est un ami de Paul Decoeur, alchimiste opératif dont le  nomen mysticum est Vulcain Solaire. Pierre Dujols est également un alchimiste opératif. Ils voient leur maître chouan, Paul Decoeur et lui-même, réaliser la Pierre Philosophale. Il verra plus tard son ami Paul Decoeur accéder également à l'adeptat. Pierre Dujols anime la Librairie du Merveilleux, rue de Rennes à Paris, avec son associé A. Thomas, puis seul. Il édite ou réédite plusieurs ouvrages.

D'autres personnes ne retiennent de Pierre Dujols que l'homme ayant fini sa vie infirme et dans l'indigence financière.

 


Pierre Dujols

Pierre Dujols vers la quarantaine. Collection particulière

 

Les éléments biographiques sur Pierre Dujols proviennent principalement du travail de Madame Geneviève Dubois, éditrice du "Mercure dauphinois". Ils sont contenus dans ses ouvrages "Fulcanelli dévoilé" (opus cité) de novembre 1992, dans "Ces hommes qui ont fait l'alchmie du XXe siècle", édition du Mercure dauphinois, mars 1999, et dans "Les nobles écrits de Pierre Dujols et de son frèrs Antoine Dujols de Valois", édition du Mercure dauphinois, février 2000.

 

 

Pierre Dujols naît le 22 mars 1862 à Saint-Illide dans le Cantal, presque dix sept années après son frère Antoine Dujols. Celui-ci est né le 24 août 1845 à Saint-Illide également.

 

 

Registre de naissance de Pierre Dujols, à Saint Illide, dans le Cantal

Registre de naissance de Pierre Dujols, à Saint Illide, dans le Cantal

 

Dans la marge, à gauche, se voit le sceau du timbre impérial, frappé dans le papier. Napoléon III a encore huit années de règne devant lui. L'aventure politique de celui-ci se terminera le 2 septembre 1870, lors du désastre de Sedan face aux prussiens, cause majeure de l'épisode dramatique de la Commune de Paris.

 

Selon des témoignages Pierre Dujols passe une partie de sa jeunesse dans le sud de la France. Il suit ses parents à Marseille et devient l'élève des Jésuites à Aix-en-Provence. Il est journaliste à Marseille puis à Toulouse où il s'installe. Avec sa voix de baryton Pierre Dujols chante dans une chorale. Avec un ami il publie un livre-recueil de chansons populaires. Sa mère, étant du midi, ne parle que le provencal. La méconnaissance du français officiel est courant à cette époque dans plusieurs régions de France. Sa femme, Mademoiselle Charton, devenue son épouse en 1887, aime à faire sa prière le soir en regardant le coucher du soleil. Elle est d'Hennebont, en Bretagne, née le 2 février 1868. Elle est décrite par Mme Dubois comme ayant des dons de clairvoyance, faisant des rêves prémonitoires, lisant les lignes de la main et dans les cartes.

 

Puis Pierre Dujols monte à Paris avec sa femme où ils résident au 47 rue Henri-Barbusse, nom actuel car cette rue fut rebaptisée. Est-ce un clin d'oeil du destin ? En effet Henri Barbusse fut un membre de la fraternité des Veilleurs de Schwaller de Lubicz.

Pierre Dujols ouvre la "Librairie du merveilleux" au 76, rue de Rennes, à Paris, en 1909. Il est spécialisé dans l'ésotérisme. A l'époque on parle d'occultisme. Il est aussi éditeur. Sur la photo ci-dessous "Le Grand livre de la Nature" propose ses énigmes, réédité par la Librairie du Merveilleux. Cet ouvrage appartient à la bibliothèque de Suhalia, la station scientifique suisse où les Veilleurs et les Schwaller de Lubicz oeuvrèrent quelques années.

 

Le Grand Livre de la Nature, réédité en 1910 par Pierre Dujols

"Le Grand Livre de la Nature, ou l'Apocalypse philosophique et hermétique". Ouvrage réédité en 1910 par la Librairie du Merveilleux de Pierre Dujols et de A. Thomas. Préface d'Oswald Wirth. Téléchargement sur le site de la Gallica ou en cliquant sur la photo.

 

Dès le début Pierre Dujols rédige un "catalogue périodique d'ouvrages anciens et modernes, neufs ou d'occasion". Le premier catalogue n'est pas daté, mais il est probablement du début d'année 1909. L'année apparaît sur la couverture du deuxième catalogue. Le nom de son associé, A. Thomas, est inscrit sur le troisième catalogue. La série se continue jusqu'au numéro quinze. Au numéro XVI le catalogue change d'aspect graphique, et s'intitule "quatrième année, XVI (Ancienne série), Numéro 1, avril 1912".

 

 

Pierre Dujols, sa notice bibliographique n°1 de 1912

 

Grace à la générosité d'une personne passionnée, pour la première fois une partie de ces notices est accessible à tous ici. Il s'agit des notices du numéro 1, de 1912, à la notice 7, d'août 1913, la dernière publiée par Pierre Dujols. Dans cette deuxième série le nom de A. Thomas a disparu. Il ne collabore plus à ce catalogue.

2013-05 : un autre bibliophile met à notre disposition deux nouvelles notices de Pierre Dujols, publiées dans la première série. Un immense merci !

A. Thomas commence à publier, de son côté, dès novembre 1909 la revue "la Gnose", et sort le premier numéro. Même si les noms du directeur, rédacteur en chef et secrétaire de la rédaction correspondent aux pseudonymes respectifs de Palingénius, Marnès et Mercuranus, toute correspondance doit être adressée à M. A. Thomas, 76, rue de Rennes. L'Administration est à la Librairie du Merveilleux, à la même adresse.

 

 

Pour lire les notices, au format pdf, cliquer sur les photo ci-dessous

Pierre Dujols, notice bibliographique V de 1909

Notice 5, 1909. 1ere série

Pierre Dujols, notice bibliographique X de 1910

Notice 10, 1910. 1ere série

Pierre Dujols, notice bibliographique 1 de 1912

Notice 1, avril 1912. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 2 de 1912

Notice 2, juin 1912. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 3 de 1912

Notice 3, octobre 1912. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 4 de 1912

Notice 4, décembre 1912. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 5 de 1913

Notice 5, mars 1913. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 6 de 1913

Notice 6, juin 1913. 2eme série

Pierre Dujols, notice bibliographique 7 de 1913

Notice 7, août 1913. 2eme série

Avis aux lecteurs : je cherche les exemplaires manquants pour retrouver les deux séries complètes et les mettre à la disposition de tous.

 

Parmi les connaissances de Pierre Dujols se trouvent la cantatrice Emma Calvé, amie de Natalie Clifford Barney, l'Amazone du Paris lesbien, l'abbé Mugnier, artisan de la conversion de Joris-Karl Huysmans. Pierre Dujols reçoit à sa table l'alchimiste L. Faugeron. Viennent également au domicile parisien Julien Champagne et René Guénon.

L'alchimiste Henri Coton-Alvart indique : "Julien Champagne a glané beaucoup de choses auprès de Dujols auquel il faisait croire qu’il savait." Henri-Coton Alvart rendra un hommage posthume vibrant à Pierre Dujols, en 1932, "son Maître". Nous le lirons plus loin.

 

Outre ses notices bibliographiques, Pierre Dujols est aussi l'auteur, sous le pseudonyme de Magogphon, de l'hypothypose du "Mutus Liber", dans sa réédition du 23 juin 1914. Celle-ci est tirée à 285 exemplaires numérotés et signés de la main de l'éditeur, Emile Nourry. Dans son commentaire introductif de douze pages il introduit plusieurs termes nouveaux qui seront réutilisés par la suite par Fulcanelli.

Par exemple, au début de son texte il souligne l'existence d'une language à double sens, diplomatique. Il cite aussi le petite livre de la Compagnie de Jésus, "Typus Mundi", sans le nommer mais en pointant la planche 17 (lien à suivre sur ce site) où l'empreinte du roi surmonté du globe crucifère se retrouve inversée sur un papier tenu par un ange dans une maison obscure, véritable chambre noire photographique.

 

 

 

Hélas, la maladie l'atteint en 1911. En 1915 une photo le montre à sa fenêtre grande ouverte, rue Le Verrier. Il se tient accroché à la rambarde, soutenu par son épouse debout derrière. Il a les traits tirés, les cheveux blancs, ainsi qu'une longue barbe blanche. Un lourd manteau lui couvre les épaules. Il ressemble à un vieillard fatigué mais il n'est âgé que de cinquante trois ans. Sa femme fait beaucoup plus jeune que lui. Elle n'a pourtant que six ans de moins. Selon ses proches il meurt d'une crise d'urémie, et non de l'arthrose qui l'invalide, bloquant ses articulations inférieures.

 

La tombe de Pierre Dujols et son épouse dans un cimetière parisien

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Pierre Dujols fut le maître, de son vivant, de Julien Champagne qui lui dédicace une photo de son laboratoire.

 

cliquer sur la photo pour voir la page du laboratoire de Julien Champagne

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Plus poignant, en 1932 l'alchimiste Henri Coton-Alvart (1894-1988) lui dédicace un poème posthume. Grace à un autre passionné, celui-ci est maintenant à l'intention de tous.

 

Hommage posthume d'un autre disciple, l'alchimiste Henri Coton-Alvart à son Maître Pierre Dujols.

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