Julien Champagne dessinateur de Fulcanelli
Les métaux planétaires ou la dormition de la Vierge
Julien Champagne signe ce magnifique dessin tracé sur papier bistre et rehaussé de gouache blanche "J Champagne 1910". Il est alors âgé de trente trois ans. Ce dessin est reproduit en noir et blanc dans l'édition originale de Jean Schemit.
Grâce à un passionné que je remercie vivement ici vous pouvez découvrir le dessin original rehaussé de gouache qui servit pour l'édition originale du "Mystère des cathédrales". La planche originale fait 37 * 26 cm.
Le dessin publié dans le "Mystère des cathédrales"
Le dessin original de Julien Champagne sur papier bistre rehaussé de gouache blanche
La dormition de la vierge se situe sur le tympan nord de la facade ouest de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La dormition est le dernier sommeil de la Vierge Marie, au cours duquel a lieu son assomption, sa montée au ciel, dans son corps physique non soumis à la corruption terrestre.
Fulcanelli, dans son livre "Le mystère des cathédrales", note que les septs cercles décorant le sarcophage de la Vierge indiquent "la correspondance de mutation des planètes métalliques entre elles". En effet chaque cercle dans la notation spagyrique correspond à un métal : "Les quatre croix, de même qu’en la notation spagyrique, représentent les métaux imparfaits ; les crosses à double spirale, les deux parfaits, et la crosse simple, le mercure, demi-métal ou semi-parfait".
Julien Champagne dessine-t-il ainsi chacune des planches du "Mystère des cathédrales" ?
Julien Champagne illustre cet ouvrage de trente cinq dessins. Treize portent sa signature et quatre d'entre eux portent un millésime.
Les voici dans l'ordre du livre : le frontispice, 1910, la Vierge noire de Saint-Victor à Marseille, l'alchimiste de Notre-Dame de Paris, la dormition de la Vierge aux métaux planétaires, 1910, l'évêque Saint-Marcel, le vitrail de saint Thomas d'Aquin, 1911, le vitrail du massacre des innocents, 1910. Bourges suit avec la mérelle de Jacques Coeur, Tristan et Yseult, puis l'hôtel Lallemant avec le marmouset exhibant le matras, Saint Christophe, la toison d'or, une planche de six caissons et la crédence. L'étrange écu final n'est ni daté ni signé.
Des questions surgissent alors :
Que sont devenus ces dessins originaux ? Le dessin original de la Vierge aux métaux planétaires parvient jusqu'à nous et se montre. C'est un miracle. Est-ce le seul dessin de Champagne ? Il reste l'espoir que d'autres dessins non détruits puissent arriver chez des collectionneurs avisés pour, ensuite, se montrer aux yeux d'un public passionné. Je souhaite que le lecteur de passage informé de ce sujet puisse en faire part. Je le remercie par avance.
Au delà de la conservation hypothétique de ces oeuvres d'art se pose la question de fond suivante : ces planches, dessinées pour certaines autour de 1910 ou 1911, illustrent-elles un texte alchimique préexistant ou bien le texte est-il venu, beaucoup plus tard, habiller une étude alchimique basée sur les planches de Julien Champagne ? Aujourd'hui, par exemple, des alchimistes passionnés amassent des matériaux graphiques ou photographiques qui peuvent aboutir plus tard à une publication.
A travers la réponse se profile l'éternelle question de l'identité de Fulcanelli.
Julien Champagne accumule des matériaux graphiques qui illustreront un ouvrage publié seize années plus tard ! Est-il davantage qu'un simple illustrateur ? Est-il coparticipant à l'élaboration du texte ? Le commentaire du manuscrit alchimique Yardley rédigé par Julien Champagne en février 1913, révêlé par Archer sur son blog, prouve indubitablement que Julien Champagne est un alchimiste opératif. La photographie de son laboratoire dédicacée à Pierre Dujols le montre également. Par la transcription et l'annotation du manuscrit Yardley Julien Champagne écrit un texte qui se veut alchimique. Une phrase de Julien Champagne, en 1913, porte même l'accent de Fulcanelli : "... et les investigateurs de cet Art me sauront gré de leur avoir signalé ces deux écueils...".
Comme en écho en 1930, Fulcanelli écrit dans son deuxième ouvrage "Les demeures philosophales" au chapitre V consacré à la "Salamandre de Lisieux" : "...Vous nous saurez gré, nous en sommes certain, de vous avoir signalé ces écueils, récifs de la mer hermétique..." de Fulcanelli. Coïncidence ou plutôt preuve que Julien Champagne rédige au moins une part des Fulcanelli ?
Détail du sarcophage aux sept métaux se transmuant les uns dans les autres, selon Fulcanelli. Echappent-ils à la corruption, emmenés par la Vierge dans sa dormition et son Assomption ?
Un lecteur avisé signale la confusion difficile à éviter dans l'iconographie religieuse entre la mise au tombeau de la Vierge et son assomption, sa montée au ciel. Les deux épisodes semblent pouvoir être groupés. Il cite : "Emile Mâle, dans "L'art religieux au XIIIème siècle", 1902, prétend que : "cette scène de la résurrection du corps a été souvent confondue avec celle de la mort de la Vierge. On peut s'y tromper au premier coup d'oeil. C'est ainsi que l'admirable tympan de Notre-Dame de Paris ne représente pas, comme on le dit d'ordinaire la mort de Marie, mais sa résurrection."
La cathédrale elle-même détaille ailleurs ces épisodes. Pour vous y rendre cliquez sur la photo ci-dessous. Nous comprendrons mieux le dessin de Julien Champagne.
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Cathédrale Notre dame de Paris, rue du cloître Notre-Dame, côté nord. Histoire de la mort et de l'assomption de la Vierge Marie, développée sur quatre panneaux.
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