Fulcanelli annote Stanislas de Guaita

Ex-libris dessiné par Julien Champagne

 

Fulcanelli annote dans la marge l'ouvrage de Stanislas de Guaita (1861-1897) "La clef de la magie noire", au chapitre "La magie des transmutations", édition Durville de 1920, de la page 755 à 790. D'après Robert Ambelain l'écriture des notes est celle de Julien Champagne. Tel est du moins ce qu'explique Robert Amadou dans un article de la revue "L'autre monde" n°76 de 1983.

Ci-dessous le livre en pdf à télécharger afin de suivre les annotations

Stanislas_Guaita_Serpent.jpg (19286 octets)

 

Plus tard l'ésotériste franc-maçon Jules Boucher (1902-1955), fondateur d'un ordre martiniste, acquiert cet ouvrage. Il colle son ex-libris symbolique dessiné par Julien Champagne sur le deuxième de couverture. Un lien particulier unit ces deux personnes : Fulcanelli dédicace son "Mystère des cathédrales" à Jules Boucher, âgé en 1926 de vingt quatre ans. Cette dédicace reste la seule connue jusqu'en 1988 où une deuxième dédicace de Fulcanelli est révélée. C'est René Schwaller de Lubicz qui en bénéficie.

Lisons tout d'abord les notes de Fulcanelli puis voyons ensuite l'ex-libris de Jules Boucher.

 

Les notes de Fulcanelli dans l'ouvrage de Stanislas de Guaita (Fulcanelli souligne certains mots du texte de Stanislas de Guaita, ils sont alors soulignés ici) :

page 758 : "...Raymon Lulle de Palma s'enfermer à la tour de Londres...", note de Fulcanelli : "Il y fut obligé et dut s'enfuir de sa prison après"

page 759 : "... c'est la masse des écrivains ...", note de Fulcanelli : "surtout des auteurs modernes"

page 766 : "... L'Azoth des sages, synthèse des trois, consiste en un menstrue, l'Alchaëst ou dissolvant des métaux ...", note de Fulcanelli : "erreur ; l'alcaest n'est pas l'Azoth. Il y a entre eux la différence du mercure vulgaire et du mercure philosophique. Il s'agit de cuire l'azoth pour obtenir la Pierre, tandis que l'alcaest est seulement le premier dissolvant. Par l'action de l'alcaest sur le métal on obtient l'humide radical qui fournira ensuite l'azoth."

page 766-767 : "... le mercure sera la première substance des métaux, diversement spécifiable par tel ou tel soufre,  - et le sel sera la matière de l'oeuvre.", note de Fulcanelli : "Ce n'est pas exact. Le sel ne sera pas la matière de l'oeuvre, mais ce qui lui donnera la forme, l'enveloppe."

page 769 : "... dans lequel la lumière métallique est latente, avant qu'elle soit spécialisée, et la pousser à l'extrême positif ...", note de Fulcanelli : "Ce sujet ne peut être capté dans les conditions décrites. Nous ne pouvons l'avoir, que lorsqu'il est déja formé, c'est-à-dire spécifié. Mais, malgré sa spécification, c'est la matière la plus prochaine du premier être des métaux."

page 770 : "... pour préparer cet Acier, il faut connaître et savoir utiliser leur Aimant. Le propre de l'Azoth est de dissoudre tous les métaux, - au cas particulier, l'or et de l'argent, ...", note de Fulcanelli : " - qui est le dissolvant spirituel, - non, voir plus haut, - erreur, l'or et l'argent n'entrent pas dans le travail de l'oeuvre"

page 771 : "... En dissolvant l'or et l'argent vulgaires dans l'Azoth ou Mercure des Sages... la pierre philosophale", note de Fulcanelli : " archifaux, erreur commune de tous les débutants"

page 772 : "... et du temps, une série de phénomènes ... qui transmue les métaux en or", note de Fulcanelli : "l'auteur n'a pas pénétré le grand secret de la coction. Ce n'est pas ainsi qu'elle s'opère et au surplus, l'artiste ne voit jamais les couleurs décrites. Personne n'a jamais révélé cette connaissance et peu de philosophes l'ont sue. Une seule couleur apparaît : le noir. Les autres n'existent qu'à l'état de symboles et non d'apparences physiques."

page 773 : "... dix fois son poids,environ, de Mercure philosophal ou d'Azoth des Sages.", note de Fulcanelli : " Contradiction de l'auteur avec le début, où il prend l'azoth et l'alcaest pour des synonymes."

page 773 : "... cette opération ne vise pas moins qu'à recommencer tout l'oeuvre ... 10, 100, 1000, 10000, etc.", note de Fulcanelli : " Théorie simple, agréable, mais fausse. Non, on ne  peut multiplier à la fois en quantité et en qualité. Ce sont deux procédés différents."

page 773 : " ... D'autres philosophes multiplient ... , qu'elle réduit à sa propre nature de pierre.", note de Fulcanelli : "en abaissant son pouvoir transmutatoire."

page 775 : "... la matière première, - Magnésie ou Marcassite ou Minière des Sages, - dont il s'extrait, n'est ...  C'est le Serviteur Rouge, la Vierge hermaphrodite de nature, ... se sublime", note de Fulcanelli :  " non, la magnésie extrait le mercure des sages du métal. Ce serviteur noir et [écrit ET et non EST] la Vierge noire."

page 775 : "... En d'autres termes, cette marcassite est un aimant de la Lumière métallique potentielle, ou ... le Mercure féminin.", note de Fulcanelli : " exact, elle attire et se gorge du Spiritus mundi."

page 775-776 : "... Une fois la minière ... il s'agit d'en extraire séparément le Mercure et le Soufre libres, ... Dissolvant des alchimistes", note de Fulcanelli : " Il n'y a rien à en extraire ni à en séparer. Ceux qui affirment le contraire ne sont pas philosophes et n'entendent rien à la philosophie."

page 776 : "... Mais nul ne peut dégager le mercure de ses liens, sans ... il faut savoir l'attirer à soi par l'artifice de leur Aimant.", note de Fulcanelli : " cercle vicieux".

page 776 : "... Voilà le grand arcane d'Hermès : ... l'Acier des Sages, qui n'est autre que l'électricité , et celle de leur Aimant, symbole de la pile d'où elle émane.", note de Fulcanelli : " - explication vraiment moderne !!   - ??? "

page 776 : "... Avant nous, Eliphas Lévi avait déja signalé l'emploi de l'agent électrique dans les opérations ... réalisations hermétiques", note de Fulcanelli : " Quelle aberration, quelle confusion !"

page 776 : "... Nous avons fait entendre ... Le magicien peut ainsi réaliser de l'or , aussi bien que toute autre substance corporelle." , note de Fulcanelli : " C'est cette facheuse théorie, absurde autant que ridicule, qui a causé le dévoiement du regretté Albert poisson."

page 776-777 : "... D'autre part, si l'on qualifie de Magnétisme ... un tel art hermétique diffère sensiblement de la pratique opératoire du grand oeuvre , ... et non plus de Magie.", note de Fulcanelli : " un peu ... beaucoup !"

page 777 : "... Notre Acier (dit Philalèthe) est la vraie clef de l'oeuvre... c'est un feu infernal et secret, et même en son genre extrêmement volatil " , note de Fulcanelli : "Très vrai"

page 777 : " ... c'est le miracle du monde ... distingué par un caractère particulier ", note de Fulcanelli : "l'étoile des mages"

page 778 : " ... vous aurez vu son étoile (1) (1 ; note en bas de page : "L'étincelle électrique") , note de Fulcanelli : " Inutile d'employer un renvoi pour dire une absurdité."

page 778 : "... Philalèthe : Ayant dit que notre Acier ... régler sa route par la vue de l'étoile du nord (3) que notre Ayman fera paraitre. (3 ; note en bas de page : Toujours l'étincelle" , note de Fulcanelli : " Malgré la belle clarté de ce passage, on voit que Guaita n'y a rien compris."

page 778 : "... Mais il ne suffit pas de libérer Mercure de ses liens, il faut le fixer, ou il se perd en fumée blanche." , note de Fulcanelli : "C'est le soufre seul qui s'en charge, et non l'alchimiste. Le soufre noir premier être du soufre blanc et rouge."

page 779 : "... le dissolvant ou lait virginal n'est pas un amalgame ; c'est nécessairement un liquide, un menstrue végétable", note de Fulcanelli : " Erreur, c'est un solide. Il est friable, dur, cassant et très fusible."

page 780 : "... et c'est d'une seule et même matière qu'on les a extraits ... le sel s'engendre de l'union des deux." , note de Fulcanelli : " L'enfant nait de la destruction du soufre et du mercure."

page 780 : "...  Le Soufre universel est invariablement envisagé comme le père ... on le voit, c'est affaire de point de vue." , note de Fulcanelli : " C'est une véritable salade russe."

page 782 : "... comme en dissolvant tout métal ... pour l'Argyropée (1) il faut de l'argent et de l'Azoth ; et, pour la Chrysopée (2), de l'or et de l'Azoth.", note de Fulcanelli : " Compréhension vulgaire et profane de l'alchimie - Il n'y a rien dans ce passage qui approche de la vérité - Nous répétons que l'or et l'argent, même réincrudé, doivent être, aussi bien que le mercure courant, exclus de matériaux employés pour la réalisation de l'oeuvre."

page 784 : "...(Albert Poisson) la partie inférieure contenait le feu ... Tel était l'ath- anor généralement en usage.", note de Fulcanelli : " L'Athanor est la matière même, et le fourneau ne signifie rien. Ces descriptions ne servent qu'à abuser les ignorants."

page 788 : "... Enfin parait la blancheur, annoncée par les colombes de Diane, ... voici la terre blanche feuillée, bientôt résolue en granulations ... il n'a plus qu'à rompre le vaisseau pour recueillir sa pierre blanche.", note de Fulcanelli : "- Ce  n'est pas en ce lieu que les auteurs ont insisté sur la nécessité des colombes de Diane, l'un des plus grands secrets de la  préparation du mercure philosophal. - La terre blanche feuillée est le mercure initial net et pur. Sa texture, en effet, présente une superposition de lamelles cristallines, détachables comme le mica. - Le vaisseau étant la matière nourricière et l'enveloppe, la matrice, elle, se fend et s'ouvre d'elle-même en manifestant l'enfant lors de sa naissance. ce qui explique qu'on ne soit [voit ?] rien jusque là."

page 790 : "... Palpitant d'émotion, l'opérateur peut enfin briser le sceau d'Hermès." , note de Fulcanellli : " Le sceau se brise tout seul car l'artiste ignore le temps, la durée de son oeuvre qui peut en exiger plus ou moins."

page 790 : "... Enfin, projetée sur dix fois son poids de mercure ou de plomb fondus, la pierre transmuerait, après deux heures d'ébullition ou à peu près, le métal imparfait en or très  pur.",note de Fulcanelli : " Erreur - la pierre première n'a aucun pouvoir sur les métaux."

 

 

L'ex-libris de Jules Boucher dessiné par Julien Champagne :

 

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Dans cet ex-libris des symboles géométriques se conjuguent pour former une nouvelle figure. Une mandorle délimite l'ensemble en le magnifiant. La mandorle est une gloire de lumière, ovale, dans laquelle apparaît le Christ à la fin des temps.

Ces symboles, mis à la place du Christ, nous racontent-ils une eschatologie chimique ?

Au centre se trouve le symbole solaire, cercle à centre inscrit.

 

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