Julien Champagne et son dessin

"la dormition de la Vierge"

Pour mieux comprendre le dessin de Julien Champagne étudions la confusion possible entre la mise au tombeau de la Vierge et sa montée au ciel dans son corps physique. La cathédrale elle-même détaille en un autre endroit ces épisodes.

Rue du cloître Notre-Dame, sur le côté nord de la cathédrale, plusieurs bas-reliefs sculptés enseignent des épisodes la vie de la Vierge. Le plus à l'est est le pacte du moine Théophile avec le diable. Fulcanelli en parle au sujet de la taille de la Pierre angulaire (autre page sur ce site). Plus loin est sculptée la dormition de la Vierge. La Vierge figure allongée sur un lit. Elle ne semble pas morte, mais comme endormie d'un sommeil profond. Des coussins lui soutiennent la tête. Les doigts de ses mains se croisent comme en un geste de repos, alors que les bras des morts sont allongés le long de leur corps. Les disciples pleurent. La Vierge est figurée dans sa jeunesse, sereine.

Rue du cloître Notre-Dame, épisode de la vie de la Vierge

Mais les disciples ne peuvent laisser le corps exposé plus longtemps. La Vierge Marie est mise dans un cercueil.

Celui-ci est emmené en procession, porté par douze personnages vers son dernier emplacement, la tombe.

Cathédrale Notre Dame de Paris, mise au tombeau de la Vierge.

Mais un événement extraordinaire se produit, visible ci-dessous. Le bas-relief suivant montre un homme, au milieu de la composition, essayant de faire basculer le cercueil. Le mouvement est décomposé en deux temps, comme dans une bande dessinée. Tout d'abord l'impie essaie de renverser le sarcophage en le poussant violemment. Un miracle se produit alors. Les mains de l'impie restent collées au cercueil, tandis que celui-ci chute au sol, ses mains sectionnées de ses poignets. Le ciel a parlé.

Cathédrale Notre Dame de Paris, mise au tombeau de la Vierge, les mains impies coupées.

Cette scène de la vie de la Vierge figure sous forme d'un vitrail du XIXe à Bourges, en l'église Saint Bonnet. Remarquez l'absolu similitude de représentation alors que les lieux et les matériaux sont différents. Ces artistes savaient plier n'importe quelle matière à leur lumière. Rendons leur un hommage fervent.

Mais le corps de la Vierge, mère du Sauveur, est incorruptible et ne peut subir l'empreinte de la décomposition sous terre. Le ciel envoie des anges pour l'emporter vers l'empyrée.

Nous comprenons maintenant que le tympan de la Vierge de Notre-Dame de Paris montre simultanément deux épisodes. Tout d'abord la Vierge décède et ses disciples portent son corps dans un sarcophage. Puis son Fils intervient et deux anges reprennent le corps pour l'emporter au ciel. Le vitrail de Bourges dissocie cette montée au ciel. L'âme s'élève d'abord, puis le corps monte en gloire dans une mandorle. Ici à Paris l'âme n'est point figurée séparée, signifiant la montée au ciel de la Vierge corps et âme unis.

Julien Champagne, dans la réalisation de ce dessin, utilise son talent pour orienter l'oeil de l'observateur vers le sarcophage qui apparaît comme l'élément le plus important. Un lecteur écrit : "De l'avis d'un expert, ce dessin inachevé montre que le souci principal de l'artiste est d'orienter l'observateur sur cette frise (finition des détails). Visiblement uniquement pour manipuler cet observateur."

Celà pose une fois de plus la question suivante : est-ce Fulcanelli qui illustre d'un texte seize ans plus tard la réflexion graphique pertinente de Julien Champagne, ou est-ce Julien Champagne qui par prémonition seize années auparavant réalise un dessin qui s'adapte comme par miracle au texte de Fulcanelli ?

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