Fulcanelli et la statue de la Justice de la cathédrale de Nantes

 

Michel Colombe place la Force contre la tête du duc François II. La pensée de celui-ci agit-elle à la manière du glaive de justice, tranchant de ses décisions les événements à la lumière de l'expérience acquise, indiquée par le livre ouvert, et selon la juste mesure, indiquée par la balance couvrant le livre ?

 

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Parmi les éléments symboliques décrit par Fulcanelli revenons au pommeau de l'épée. Celui-ci est orné d'un soleil radiant à onze rayons ondulants. Mais ce soleil est enclos dans une lune, gravée sur le pourtour du pommeau.

Nous aurions là l'union du soleil et de la lune, symbole du Rebis hermétique. Est-ce l'intention du commanditaire de l'oeuvre, Anne de Bretagne ?

 

Le Soleil enclos dans la Lune, emblème du Rebis hermétique ?

 

 

Le croissant lunaire est plus visible, vu de profil. Il se se dévoile même comme étant double, l'un à l'extérieur du pommeau, l'autre vers la statue elle-même.

 

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Un autre élément symbolique, la balance, est étrange. Normalement l'allégorie de la justice montre celle-ci brandissant l'épée et la balance. Ici la balance fait corps avec un livre ouvert. Pourquoi ?

 

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Un simple jeu de mot l'explique : la balance se dit "libra", en latin. Il y a un jeu de mot phonétique, cabalistique, avec "liber" qui  signifie "livre". Le premier mot latin est féminin, le deuxième masculin. Ce double aspect est mis en oeuvre par Michel Colombe, sculpteur né à Bourges vers 1430, pour le mausolée de François II à Nantes, commandé par Anne de Bretagne.

Nous comprenons immédiatement le sens des deux plateaux de la balance. Ils révélent le lourd et le léger, lors de la pesée. Systématiquement oublié, le fléau est, à mon sens, le véritable enseignement de la balance. Le fléau relie le lourd au léger, le poids inconnu au poids de référence. Il lie les aspects contraires et permet l'harmonie. Il est la Mesure, l'Harmonie, le lien qui relie les choses, les êtres, les destins entre eux. Si le lien est impossible, alors l'épée, de l'autre main, tranche et rejette et précipite le lourd vers le bas, comme lors de la psychostasie à la fin des temps.

 

Fulcanelli nous donne une lecture alchimique, différente, de ces symboles.

Il rédige un long texte que vous pouvez lire, en cliquant sur le croquis de Julien Champagne, l'illustre illustrateur, ci-dessous.

Ce dessin de Julien Champagne, comme les trois autres statues du tombeau, a trés vraisemblablement été réalisé d'après la copie en plâtre exposée au Musée des monuments comparés, place du Trocadéro à Paris.

 

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Ce musée remarquable (1) , inauguré en mai 1822, doit son existence à un rapport de Viollet-le-Duc rédigé en 1879, suite à l'Exposition Universelle de Paris.

(1) "Le musée de sculpture comparée du Trocadéro" p.4, Camille Enlart, Paris, H Laurens éditeur, 1911. Téléchargeable sur Gallica.


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