Fulcanelli à l'hôtel Lallemant, l'ange compagnon passant


Caisson 18, l'ange au bâton de compagnonnage.

 

Hôtel lallemant, caisson du compagnonnage

Hôtel Lallemant à Bourges. L'ange compagnon passant nous salue.

 

Marchant à grand pas l'ange porte son regard derrière lui, comme pour mesurer la distance parcourue. Est-ce la possession du bâton ferré qu'il porte sur son épaule comme un trophée qui le fait cheminer ainsi ?

La figuration du pommeau à son extrémité semble indiquer une appartenance au compagnonnage. Le pommeau se dévisse, découvrant un orifice secret dans lequel se trouvent inscrits sur parchemin ou toile les signes qui authentifient le compagnon. La longueur de cette canne est excessive, comme pour mieux la souligner au visiteur de la chapelle.

A l'opposé, l'embout métallique de la canne permet de transformer celle-ci en arme contre les serpents ou de mauvaises rencontres, fréquentes sur les routes qui mènent notre compagnon de ville en ville.

L'ange compagnon lève sa main droite, brandissant le phylactère qui s'enroule derrière lui et se pose sur le pommeau de la canne. Sans doute est-ce là un figuration des couleurs du compagnon, ruban coloré qu'il fait tamponner à chaque ville étape sur son Tour de France qu'il achève à la grotte de Marie-Madeleine, à la Sainte Beaume, près de Marseille. Aujourd'hui, encore, un moine imprime un gaufrage sur les couleurs du compagnon, attestant son passage.

 

Vitrail de la grotte de la Sainte Beaume

Canne de compagnon dans le vitrail de Marie-Madeleine, à la Sainte Beaume

Vitrail du tympan de la porte d'entrée de la grotte de la sainte Beaume. Le compagnon verrier, "Tourangeau le disciple de la lumière", y porte la canne du compagnonnage. Le pommeau métallique et l'entrelac des deux cordelettes autour du bâton indiquent sa nature. Une coquille Saint Jacques et un vase de lumière, contenant le Soleil, évoquent le pèlerinage de Saint Jacques de Gallice.

 

Sur le Pin's accroché à la poche de sa veste, un compagnon passant du devoir fait le même geste. Son bâton à l'épaule permet d'accrocher le baluchon contenant ses outils.

 

Compagnonnage, signe sur poche de veste

Pin's sur la veste en jean d'un compagnon passant du devoir. Il nous salue.

 

Mais que vient faire dans l'ensemble des trente caissons composant le rébus graphique de cette chapelle cette évocation du compagnonnage ? Celui-ci existait-il seulement vers 1515 - 1518, date de l'achèvement des travaux de l'hôtel Lallemant ?

A défaut de porter ce nom, les corporations oeuvrières, regroupées par technique, ont une existence attestée sur les chantiers des cathédrales. Les maçons, charpentiers, tailleurs de pierre, forgerons font figurer leurs outils sur des vitraux du XIIIe siècle, comme à la cathédrale de Bourges.

Des tailleurs de pierre reconstruisent la tour nord de la cathédrale, effondrée en 1500, ainsi que les deux portails de gauche de la façade ouest, situés sous cette même tour. En 1523 la reconstruction est terminée, comme l'atteste un phylactère gravé dans celle-ci. Le style nouveau est Renaissance, comme à l'hôtel Lallemant. Des imagiers et des tailleurs de pierre ont pu travailler aux deux chantiers en même temps. A travers cet angelot revêtant l'attribut du compagnon passant, marquent-ils là discrètement leur empreinte ?

 

 

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