Hôtel Lallemant de Bourges

La tête de mort de la chapelle

 

 

Hôtel Lallemant, tête de mort de la chapelle

 

 

Fucanelli décrit cette tête de mort, dans "Le mystère des cathédrales" :

" ... deux piliers carrés accotés aux murs et creusés sur leur face de quatre cannelures.... Celui de droite, en regardant l’unique fenêtre qui éclaire cette petite pièce, porte entre ses volutes un crâne humain, placé sur une console de feuilles de chêne et pourvu de deux ailes. Traduction expressive d’une génération nouvelle, issue de cette putréfaction, consécutive à la mort, qui survient aux mixtes lorsqu’ils ont perdu leur âme vitale et volatile. La mort du corps laisse apparaître une coloration bleu foncé ou noire, affectée au Corbeau, hiéroglyphe du caput mortuum de l’Œuvre. Tel est le signe et la première manifestation de la dissolution, de la séparation des éléments et de la génération future du soufre, principe colorant et fixe des métaux. Les deux ailes sont placées là pour enseigner que, par abandon de la partie volatile et aqueuse, la dislocation des parties s’opère, la cohésion se trouve rompue. Le corps, mortifié, tombe en cendre noire ayant l’aspect du poussier de charbon. Puis, sous l’action du feu intrinsèque développé par cette désagrégation, la cendre, calcinée, abandonne ses impuretés grossières et adustibles ; il naît alors un sel pur, que la cuisson revêt de la puissance occulte du feu (pl. XLIV)."

(fin de citation)

 

 

Vision effrayante que cette tête de mort qui du haut de son pilastre semble nous jeter son rictus. Un rictus ?

La première impression passée, le maxillaire inférieur nous parait trop grand, trop large, surtout sur son arrière, à l'endroit du pivot avec la boite crânienne. Un regard à la tête de mort représentée sur un des caissons nous montre la différence.

Deux paires de crocs qui se distinguent assez bien accentuent encore cette différence. L'orbite de l'oeil n’est pas sphérique, l'os de l'arcade sourcilière faisant une avancée. Le bout du maxillaire supérieur, formant la fossette, est proéminent, pointu. Nous sommes en présence d'un crâne de petit carnassier, chat par exemple, et non d'un crâne humain.

 

Hôtel Lallemant de Bourges, détail de la tête de mort

 

 

Dans l'iconographie le chat, comme l'oiseau en cage, accompagne parfois l'alchimiste dans son laboratoire. Pourquoi mettre des animaux dans ces lieux particuliers ? Sont-ils des témoins de la toxicité ambiante ? La mort de ce compagnon indique un haut niveau de toxicité du labortoire, un empoisonnement de l'air. Ce sacrifice permet-il au labourant de sauver sa vie in extremis ? Ce crâne de chat, comme tout symbole, doit avoir plusieurs sens.

 

 

 

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