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Palais Jacques Coeur

Tympan de la porte d'accès à la cuisine

 

Fulcanelli ne décrit pas ce tympan situé au côté nord de la cour intérieure.

Ce tympan montre trois personnages s'affairant à des tâches ménagères ou culinaires. Pour cette raison, lors des visites, cette porte est indiquée comme donnant accès aux cuisines.

L'iconographie de ce tympan est sans équivalent dans la statuaire civile. Elle est même incongrue. Est-ce une provocation délibérée que de figurer ici, dans la cour d'honneur, des tâches de vilains, de manants ?

Ceux-ci sont également représentés sur une des deux cheminées du couloir sud de l'étage, se livrant entre eux à des tournois, montés sur des ânes et munis de bouclier d'osier tressé. Jacques Coeur semble se railler ouvertement de la caste féodale des seigneurs, brisant là un tabou social.

 

La cuisine

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Une cheminée occupe le centre de la composition. A ses pieds brûle un feu. Dans la cheminée une marmite est en train de cuire, suspendue à une crémaillère. Un homme, assis à même le sol, surveille cette cuisson. A droite une femme frotte une bassine avec un chiffon. A gauche un homme active un pilon dans un énorme mortier.

 

 

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Au centre de la cheminée une marmite à trois pieds est suspendue à une crémaillère. Sans doute une soupe ou un ragout mijoute à l'intérieur. L'opération est longue et fastidieuse. L'homme qui surveille cette cuisson est agenouillé au sol. Sa main droite est relevée, les doigts mis en forme de pince, comme pour tenir un objet aujourd'hui disparu. Sa main gauche est également manquante. Sans doute les mains serraient-elles un bâton ou une tige pour attiser les braises dans l'âtre. Une forme ovale très errodée se trouve au milieu des flammes, entre les chenets. Malheureusement rien ne permet d'identifier l'objet ainsi représenté.

Le maître de maison serait cependant étonné de voir son cuisinier affalé ainsi à terre, perdant son temps à remuer quelques braises. Pourquoi est-il si si chaudement vêtu, lui qui est contre le feu dont les hautes flammes lêchent les pieds de la marmite ?

 

 

Campé sur le bord gauche de la composition l'homme manoeuvre à deux mains le pilon. L'effort transpire de ce visage aux lèvres serrées. La tâche n'est pas facile. Quelle matière pile notre homme ? Du blé, du sel gemme, quelque matière alimentaire ? Le blé se mout au moulin, non au mortier. Plusieurs mortiers similaires se voient actuellement lors de la visite du palais. En fait ce ne sont pas des mortiers, mais des mesures à grain ou sel, réversibles. En effet, un solide support triangulaire en bois maintient la mesure double. Les deux mesures sont accolées par leur pied, une tête en haut et une tête en bas. A mi-hauteur un axe horizontal permet le basculement de la mesure double. Chaque mesure est munie d'un bec verseur.

Cette instrument pouvant pivoter sur lui-même rend vain d'essayer de piler quelque produit que ce soit. En effet, la force appliquée par le pilon ferait se balancer la mesure, annulant en partie son effet.

Que doit-on comprendre de ce montage ?

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A droite une femme habillée en ménagère se tient accroupie. Elle frotte énergiquement un large plat de sa main droite. Elle le le fait briller avec un chiffon.

La main droite de cette femme, elle-même sculptée plus grande que les deux hommes, semble démesurée, rappelant l'exagération volontaire de la main droite du Christ de Vézelay ou d'Autun, à l'époque romane. Ses manches retrousées, cette femme ne ménage pas sa peine. Sous l'effort les yeux sont mi-clos et la bouche pincée.

Le plat, en cuivre ou laiton, brille de tout son poli. Notre ménagère le transforme en une sorte de miroir. Etrange, pour une cuisine.

A gauche du plat un pot métallique à la panse renflée et au fin bec verseur gît à terre, renversé. Le couvercle a roulé au sol. Son usage est terminé. Sans doute était-il rempli d'eau chaude. La servante en verse sur le plat en cuivre et le frotte avec de la cendre de chêne ou de fougères. Cette soude archaïque rend alors le plat brillant, en ôtant les oxydes et salissures collés au plat.

L'ensemble fait désordre. Pourquoi étaler aux yeux des nobles visiteurs cette occupation roturière ?

 

 

 

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