Chapelle du palais Jacques Coeur
tympan de l'Annonciation
N'est-ce pas le même ange qui nous accueille ici, que celui de la porte d'entrée dans la rue ? L'ange de l'Annonciation qui surmonte le blason de pierre de la porte d'entrée n'est-il pas comme un poète qui va écrire sur un phylactère vierge ? Ici il achève son poème sur un autre phylactère : "Ave Maria pu(lchra es)".
Tympan de l'Anonciation de Marie, chapelle haute du palais Jacques Coeur.
A l'entrée de la chapelle du premier étage, arrivant par l'escalier aux trois tympans, l'Anonciation nous accueille.
La Vierge Marie est à genoux, sur un coussin. Son corps est orienté à droite, vers l'ange à genoux qui lui présente son livre de prières. La représentation est classique. A sa gauche l'archange Gabriel arrive du ciel. Ses ailes se replient seulement. Il porte le genou gauche en terre et salue Marie. Surprise, elle retourne son visage vers la voix céleste qui lui dit : "Tu es toute belle, Marie, et la faute originelle n'est point en toi". L'ode est tirée du Cantique des Cantiques. Ensuite, la surprise passée, elle entend le divin message : "Dieu t'a choisie, acceptes-tu de porter en ton sein le fils de Dieu ?"
Elle devrait répondre non, pour plusieurs raisons. Hormis Moïse, les hommes ne parlent pas avec Dieu, encore moins les femmes. De plus, elle est une toute jeune fille et va se marier avec Joseph. Etant enceinte, il va la répudier. Enfin, enceinte en dehors du mariage, elle sera accusée d'adultère et se fera lapider, conformément à la loi juive.
Mais spontanément, balayant toutes les craintes, la seule réponse de Marie est "Qu'il soit fait selon la volonté du Seigneur". Elle devient le modèle de l'obéissance et de la foi, pour tous les chrétiens, et devient la mère de Jésus. Mais ceci est une autre histoire que celle de Jacques Coeur, évoquée ici.
Le vase au trois lys est le symbole de la pureté de Marie, de sa virginité. Les fleurs ne sont pas là pour égayer une composition. Elles sont un alphabet symbolique. Sur la tête de Marie une colombe descend du ciel et lui touche le crâne. Cette scène décrit l'Esprit de Dieu qui descend en Marie et la féconde.
Dieu le père envoit l'Esprit sur Marie, palais Jacques Coeur.
Sur ce tympan la scène sculptée décrit plusieurs événements qui s'enchaînent dans le temps. En haut du tympan, un homme barbu, en buste, sort des nuées. Dieu est représenté ici de manière la plus classique : les nuées indiquent que son domicile est céleste, la barbe indique son aspect éternel. De sa main gauche il tient le globe crucifère, symbole de la terre des hommes, comme pour certains de la terre des alchimistes. De sa main droite il bénit le globe, la colombe et Marie.
Ange de l'Annonciation, palais Jacques Coeur.
L'archange Gabriel a une tête de jeune page. Il aurait pu être figuré plus âgé, même si les anges n'ont pas d'âge. Se voient en détail une partie des lys et du phylactère avec les lettres "Ave maria pu". Le front de l'archange est totalement imberbe, sans cheveux. Ainsi le veut les canon esthétique de cette époque où les femmes devaient avoir la peau blanche et le front épilé le plus loin possible. Les historiens de l'art appellent celà le "front fénestric." Nous sommes rassurés, Dieu n'est pas affublé d'un front fénestric.
Sur ce tympan de l'Annonciation Jacques Coeur ne fait rien figurer de personnel. Nous avons ici une scène religieuse la plus classique qui soit. Même le globe crucifère figuré ici, objet d'enthousiasme pour des alchimistes, est absolument normal. Malgré la beauté de cette scène, le message de Jacques Coeur, si l'on peut s'exprimer ainsi, n'est pas à chercher ici.