Tarot des Avenières, la mort
La lame de tarot XIII est nommée "l'arcane sans nom", pour ne pas dire "la mort". Elle est appellée aussi la "faucheuse". Ce terme d'agriculture implique l'idée de moisson. La mort fauche une vie pour en récupérer le fruit. Comme le moissonneur fauche le blé pour ne garder que le grain, la mort fauche les vies. Elle tranche les têtes, les mains et les pieds, comme le montre la lame de tarot, car le défunt n'emmène pas dans l'au-delà ses pensées ni les réalisations matérielles faites par sa volonté, symbolisées par les mains et les pieds. Qu'emmène donc le défunt dans l'au-delà ? La réponse n'est pas ici.
Mais l'image provoque l'étonnement. La faux semble déclencher un incendie qui ravage le champ vert, anéantissant les fleurs colorées qui s'y trouvent, symboles de la profusion de la vie. La faux, instrument de mort, est un feu. L'incendie dégage de lourds nuages sombres qui remplissent le ciel d'Egypte, comme si les mains et têtes tranchées partaient en fumée.
Assan Dina rajoute cet élément "feu", l'incendie, qui ne figure pas dans la lame de tarot d'origine d'Oswald Wirth. Evoque-t-il ici la destruction des corps par le feu, par un feu secret si l'on utilise le langage symbolique des alchimistes ?
Le sphinx accompagne la mort. Il se tient tout contre elle. Nous avons vu, à la lame sept, "le chariot", le rôle du sphinx, des sphinges, sphinx femelles. L'homme doit donner réponse au sphinx à la question qu'il lui pose. Si la réponse est fausse, l'homme est déchiqueté.
Assan Dina ne le sait pas, mais le sphinx et les pyramides d'Egypte qu'il fait représenter indiquent la région de sa propre mort. Elle surviendra onze ans plus tard, le fauchant en pleine activité;
Au pied de cette lame la figure géométrique centrale montre un petit cercle, un point, plutôt, surmontant un cube. celui-ci est représenté dans un espace à trois dimensions, à arêtes visibles. Le cercle indique toujours quelque chose ou idée issue du divin, le cube, à l'opposé, représente le monde matériel.
L'ensemble de ces figures géométriques, mises au pied des XXII lames du tarot, constitue peut-être un message ou une grille de lecture propre à Dina, concepteur de ce jeu de tarot revisité. La solution de l'éngime, la compréhension de cet ensemble, est aujourd'hui perdue.
Ci-dessous, en référence, la lame du tarot de Marseille redessinée et peinte par Oswald Wirth (1860-1943), en 1889, pour son maître Stanislas de Guaita (1861-1897) ainsi qu'à droite une première épure, non datée.
Tarot de Wirth, 1889. Copyright © the Golden Dawn Research Trust, 2008