Qu'en pensent les habitants de Cruseilles ?
Nous savons au moins ce qu'en pensent les édiles. En effet lors de délibérations de conseils municipaux en fin d'année 1905 et au début de l'année 1906 il est noté que la personne qui propose l'achat de ces terres et des bâtiments agricoles annexes est un riche américain.
La notion de richesse est trés importante car elle sous-tend l'idée que les travaux annoncés seront effectivement exécutés. Il y aura donc de l'emploi pour les ouvriers. Nous retrouvons ici une situation d'actualité en ce début de XXIème siècle : de riches étrangers viennent racheter des terrains pour se bâtir une maison de "campagne". Le prix du foncier monte mais la promesse de travail pour les populations locales est réelle.
La personne qui vend le terrain est invitée par le notaire à être raisonnable. Le conseil municipal invite ainsi fortement les autres détenteurs de parcelles annexes à bien vouloir s'en dessaisir pour un prix qui doit rester correct, afin de pouvoir réaliser une route carrossable dans le futur, de peur que l'acheteur étranger ne change d'avis. Il s'agit ni plus ni moins de "faciliter la vente de la propriété des Avenières à un riche étranger qui procurera du travail aux ouvriers du pays." Cerise sur le gâteau, l'acquéreur et sa fille sont présentés comme bons : "les pauvres de Cruseilles trouveront en eux leurs bienfaiteurs". Nous verrons par la suite que pour une fois c'était vrai.
Nos hommes politiques aujourd'hui ont le même langage et le même souci. Qui peut légitimement les blâmer ? Voyons trois documents de cette époque.
Le premier document ci-dessous vient du notaire genévois, Monsieur Rusillon, qui indique le départ imminent de l'acquéreur, M. Shillito, pour les Etats-Unis et que sa fille aura "les pleins pouvoirs de traiter". Le deuxième document émane du vendeur et explique la demande de l'acquéreur au conseil municipal de Cruseilles. Le troisième document est un extrait des délibérations du conseil municipal en cette fin d'année 1905.
