Tarot des Avenières, l'Amoureux
Sixième lame du tarot, l'Amoureux, ainsi nommé car il est victime de la flèche du petit dieu Cupidon, ou Eros, en grec, doit choisir. Deux femmes l'attirent dans des voies différentes. L'une, couronnée d'or, est vêtue d'une robe transparente, laissant voir ses formes intimes. L'autre, coiffée des cornes de la déesse égyptienne Hathor, déesse de l'Amour, est une prêtresse. Sa robe lourde et opaque masque toutes les formes physiques.
Ainsi est posé le choix philosophique que doit trancher l'Amoureux.
Choisit-il d'épouser l'étude de la matière et de ses différentes représentations, toutes plus séduisantes les unes que les autres, ou bien se dirige-t-il, aidé de la vision intérieure, vers la compréhension du monde causal, métaphysique, non directement perceptible ?
La tête du néophyte est couverte d'un voile marqué d'une croix, faite en taisselle d'or. Le regard est souligné par deux taisselles rouges, proches du nez, comme nous l'avons déja rencontré sur les yeux du Pape, afin de donner vie au regard. Ses deux mains croisées sur la poitrine indiquent une initiation. Il n'est pas actif par le geste, il ressent les tendances opposées qui le sollicitent. Il doit décider de son destin, comme indique la flèche qu'Eros lui décoche à l'aveuglette. Ce choix se fait selon des affinités imperceptibles, invisibles pour lui à ce moment là.
La femme vêtue d'une robe transparente porte une couronne d'or, symbole des richesses de ce monde matériel et du pouvoir que l'homme a sur lui. Admirons la manière dont les mosaïstes ont rendus les plis de cette robe par l'ajout de taisselles marrons et dorées, contrastant avec l'ensemble bleu pâle de la robe couleur de chair. Les yeux de la femme ne sont pas soulignées de taisselles rouges. Elle n'est pas le sujet principal de cette lame de tarot.
Le collier est formé de dizaines de millefiori en verre soufflé, provenant certainement des ateliers de Murano, à Venise en Italie, toujours en activité auourd'hui.
La prêtresse tient par sa main le bras du jeune homme. Est-ce son chemin qu'il va choisir, le chemin qui réclame les yeux de l'esprit pour découvrir les choses voilées ?
Cette femme porte en collier des millefiori de verre, comme les autres femmes habillées de cette chapelle.
Au bas de la lame de tarot, en son centre, se trouve une figure représentant un cube vu en perspective. Les trois tons de bleu permettent d'imaginer une figure en relief. Ce cube est constitué de 27 petits cubes, tel est du moins ce que l'intellect nous suggère.
L'ensemble de ces figures, réparties dans les XXII lames du tarot, constitue sans doute un message ou une grille de lecture propre à Dina, concepteur de ce jeu de tarot revisité. La solution de l'éngime, la compréhension de cet ensemble, est aujourd'hui perdue.
Enfin, avant de quitter cette lame de tarot, comparons l'interprétation de Dina au tarot de référence, celui qu'Oswald Wirth dessina à la demande de son maître Stanislas de Guaita et sous ses indications, que vous voyez ci-contre.
Tarot de Wirth, 1889. Copyright © the Golden Dawn Research Trust, 2008